Saint Joseph et saint Jean de la Croix

Sant Jean de la CroixNé en 1542, Jean ALVAREZ entre au couvent des Carmes en 1563 et devient Frère Jean de la Croix. Thérèse de Jésus le charge de réformer la branche masculine du Carmel, ce qu’il fait au milieu des grandes tribulations. À partir de 1581, il est prieur du couvent de Grenade. Comme la sainte d’Avila, il va vivre, selon sa grâce propre, une forte intimité avec saint Joseph.

Thérèse d’Avila commençait souvent ses lettres par l’invocation “Jésus, Marie, Joseph” mais ce n’est pas l’habitude de Jean de la Croix : il préfère “Jésus” ou “Jésus dans votre âme”.

Il se révèle en fait beaucoup plus disert sur saint Joseph : sur les trente lettres qui nous sont parvenues, la plupart ayant été détruites, il n’invoque saint Joseph qu’une fois : à une jeune fille de Madrid, désireuse de rentrer au Carmel, il répond du couvent de Ségovie, de confier son projet “sérieusement à Dieu et prenez pour avocats Notre-Dame et saint Joseph” (lettre XI). Ce silence n’est pas une marque de désintérêt de sa part mais son attachement à Joseph est celui d’un homme, qui, de par sa virilité, n’a pas la même sensibilité spirituelle que la réformatrice du Carmel.

Une « apparition » de saint Joseph :

Un jour, Jean ne peut pas se rendre confesser les déchaussées et il envoie le père Pierre et le Père Évangéliste.

En chemin, un homme vint à leur rencontre. Il est de bonne taille, de teint clair et rose et il a les cheveux blancs. Il paraît âgé de 50 ans. Il porte un habit noir et son aspect est vénérable. Il les séparent et se mettant au milieu d’eux, il leur demande d’où ils viennent.
– « des religieuses déchaussées », répond le Père Pierre. L’homme mystérieux répond :
– « Vos révérences ont raison de s’occuper d’elles, car dans cet ordre on plaît beaucoup à notre Seigneur. Sa Majesté l’estime beaucoup et cela ira en augmentant. » Il leur demande à nouveau : « Pères, pour quelle raison a-t-on dans votre ordre une si grande dévotion à saint Joseph ? »
– « Notre sainte Mère de Jésus, répond le Père Pierre, lui était très dévote, parce qu’elle avait obtenu du Seigneur bien des choses. Pour cette raison, elle a placé les maisons qu’elle a fondées sous le titre de saint Joseph. »
– « Et il y a une autre faveur, réplique le personnage. Regardez mon visage et ayez une grande dévotion pour ce saint ; il n’y aura chose que vous lui demandiez sans l’obtenir. » Les déchaussés ne le voient plus. Ils racontent au prieur ce qui leur est arrivé. Frère Jean de la Croix ne montre aucun étonnement et leur dit : « Taisez-vous, vous ne l’avez pas reconnu. Sachez que c’était saint Joseph. Vous deviez vous agenouiller devant le saint. Il ne vous est pas apparu pour vous mais pour moi. Je ne lui étais pas aussi dévot que j’aurais dû, mais je le serai dorénavant. »

Publié dans Saint Joseph.