« Veillez, je le dis à tous, veillez » – 1er Dimanche de l’Avent

« Veillez, je le dis à tous, veillez ». Frères et sœurs, c’est par trois fois que Jésus nous invite dans l’évangile médité en ce début d’Avent à veiller pour demeurer prêt à l’accueillir quand il viendra. Aujourd’hui, le pape François ouvre avec toute l’Eglise l’année de la vie religieuse. Les consacrés ont sans doute, plus que d’autres, mais avec tous, la mission de nous maintenir en état de veille, et je me réjouis, ce matin, que nous ayons la grâce d’accueillir le Frère David, de la communauté Saint-Jean pour prier avec nous.

Pour mieux entrer dans ce temps de grâce qui nous est offert : une image, un rappel, une invitation :

une image, celle du pêcheur : si nous sommes tous pécheurs avec un accent aigu, nous ne le sommes pas tous avec un accent circonflexe ! Cette image vient du psaume 5 au verset 4 : « au matin, Seigneur, je fais pour toi les apprêts et je reste aux aguets ». Magnifique allégorie ! Nul n’est besoin de vivre l’expérience de la pêche à la ligne au bord d’une rivière ou en pleine mer pour comprendre que la réussite d’une partie de pêche dépend en premier de la qualité de la préparation du matériel et de l’abondance des appâts, si le pêcheur veut rapporter à la maison de quoi sustenter et réjouir sa famille. Ainsi en est-il du disciple de Jésus Christ ; comme le maître de la parabole parti en voyage après avoir confié tous les biens de sa maison à ses serviteurs, ainsi le Christ a-t-il confié à ses disciples et jusqu’à la fin des temps la gestion de ses biens et son bien le plus précieux, l’Eglise, son épouse. Aujourd’hui, les disciples, c’est chacun de nous ; en raison de notre baptême, nous sommes tous responsables de la mission qu’il a jadis confiée à son Eglise.

un rappel : La 1ère préface de l’Avent nous indique « qu’il est déjà venu en notre chair » mais aussi « qu’il viendra à la fin des temps dans sa gloire ». Nous croyons qu’Il vient aussi jour après jour dans notre vie à notre rencontre par sa parole méditée et mise en pratique, par la célébration des sacrements et dans l’exercice quotidien de la charité fraternelle. Mais pour cela, il faut être vigilant, attitude fondamentale de celui qui attend dans l’espérance active la venue de son maître, la venue de celui qui donne vie.

C’est ce qu’explique saint Bernard dans un sermon pour l’Avent : « Nous savons qu’il y a une triple venue du Seigneur. ~ La troisième se situe entre les deux autres. ~ Celles-ci, en effet, sont manifestes, celle-là, non. Dans sa première venue, il a paru sur la terre et il a vécu avec les hommes, lorsque — comme lui-même en témoigne — ils l’ont vu et l’ont pris en haine. Mais lors de sa dernière venue, toute chair verra le salut de notre Dieu et ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé. La venue intermédiaire, elle, est cachée : les élus seuls la voient au fond d’eux-mêmes, et leur âme est sauvée. Ainsi il est venu d’abord dans la chair et la faiblesse ; puis, dans l’entre-deux, il vient en esprit et en puissance ; enfin il viendra dans la gloire et la majesté. ~ Cette venue intermédiaire est vraiment comme la voie par laquelle on passe de la première à la dernière : dans la première le Christ fut notre rédemption, dans la dernière il apparaîtra comme notre vie, et entre temps il est notre repos et notre consolation ».

 

– une invitation : Si nous mettions autant de soin que le pêcheur, nul doute que notre vie et celle du monde en serait transformée, illuminée. Comme le pêcheur se prépare à lever du poisson en abondance, comme l’étudiant met tous les atouts de son côté pour réussir brillamment ses examens, comme la maman entoure de soin son enfant malade en s’oubliant elle-même pour qu’il retrouve la pleine santé, etc. la vigilance impose des veilles sans compter, mais quel bonheur lorsqu’advient ce que nous attendions dans l’espérance. Ainsi en est-il de l’avènement du Christ. Il est venu et nous allons en fêter l’anniversaire ; il reviendra et nous l’attendons fermement ; il vient jour après jour et nous sommes chaque jour en état d’éveil : voilà notre vocation fondamentale alors que nous sommes immergés dans la marche de l’histoire. Comme le pêcheur de poissons, la rencontre et l’accueil du Christ dépend de la qualité de notre préparation, de notre disposition intérieure, de la fidélité de notre vigilance, de la durée de notre éveil ! Chacun doit choisir sa manière de veiller et d’en prendre les moyens en ce temps de l’Avent, pour y parvenir :

– Méditer la Parole : de nombreux supports sont à notre disposition ;

– Se tenir en prière sous toute forme à la maison comme au travail, c’est-à-dire demeurer en présence de Dieu, intérieurement, pour avec lui nous tenir davantage en présence les uns aux autres ;

– Participer un peu plus en semaine à la célébration de l’eucharistie par laquelle nous est offerte la plénitude de la Présence ;

– Demeurer à l’écoute et à la disposition des autres, spécialement des plus fragiles, pour marcher avec eux à la rencontre du Christ.

Oui, frères et sœurs, c’est aujourd’hui que Jésus dit à chacun : « Veillez »

Bon Avent à tous.

Père Olivier Mabille

Publié dans Homélies.